Céréales : la France souffre à l'export
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Cet automne, la France a eu une fenêtre d'ouverture à l'exportation. « Rouen était même saturé », analyse Michel Portier, DG d'Agritel. Depuis, le renforcement de l'euro face au dollar pénalise les céréales françaises face à l'offre américaine, mais aussi aux origines canadiennes et australiennes présentes sur le créneau de la qualité supérieure. Du coup, à la faveur de moindres prévisions d'expéditions sur l'Union européenne, mais aussi d'incorporation de blé dans l'alimentation animale, FranceAgriMer a relevé les estimations de stock de report de blé de 330 000 t à fin juin 2013.
Le redressement est encore plus prononcé pour le maïs : + 600 000 t de stocks en un mois, évalués désormais à 2,75 Mt. Un niveau jugé élevé par l'AGPM, résultat de la hausse du taux de collecte retenu (+ 250 000 t) et de la baisse des expéditions intracommunautaires (- 350 000 t), en raison de la concurrence des maïs en provenance d'Argentine, du Brésil et de l'Ukraine plus compétitifs en terme de prix. « Face à la concurrence des pays tiers, l'origine française rencontre des difficultés, en particulier à destination de ses deux principaux clients que sont l'Espagne et les Pays-Bas », confirme l'AGPM. « Le stock de fin de campagne pourrait sensiblement s'alourdir, prévient FranceAgriMer, sauf si les cours français s'ajustent à la concurrence dans les semaines à venir. »
Néanmoins, la tension mondiale reste prégnante. « Nous sommes assis sur une poudrière, s'emporte Michel Portier. Les stocks sont bien inférieurs à ceux qui ont précédé les émeutes de la faim. La météo devra être extrêmement favorable si on ne veut pas connaître une envolée des cours », évoquant déjà le déficit hydrique hivernal inquiétant dans les plaines centrales des Etats-Unis. « L'USDA a déclaré l'état de catastrophe climatique dans quatorze Etats du sud du pays dévastés par la sécheresse, informe Offre & Demande agricole. Cela concerne 95 % des zones des blés Hard Red Winter. » Les analystes s'inquiètent aussi des températures atteintes fin janvier en Argentine (40 °C dans le noyau de production) qui pourraient endommager une partie des maïs, actuellement en floraison.
Renaud Fourreaux
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